La tragédie initiale 2z5p1q
S’il est incontestable que Yona – Princesse de l’Aube est un manga d’aventure, son point de départ est néanmoins un drame shakespearien. Tout commence en effet sur un crime de famille à la cour du château de Hiryû, au Royaume de Kôka. Alors que la princesse Yona, qui mène alors une vie paisible à l’intérieur des murs du palais, s’apprête à célébrer son seizième anniversaire, elle reçoit la visite de Soo-Won, son cousin qu’elle n’a plus vu depuis longtemps et dont elle est amoureuse. Son père, le roi Il, refuse cependant qu’elle se marie à Soo-Won, qui est donc lui aussi de sang royal, et lui cherche un autre prétendant occupant une position plus stratégique. Du moins c’est ce qu’il confie à Yona, car dans les faits le roi craint son neveu, et à raison. Le jour de ses 16 ans, un banquet est donc organisé pour Yona, et Soo-Won lui offre une broche pour ses cheveux. Une crinière rouge, aux couleurs de l’aube, que la princesse déteste tant elle n’arrive pas à la dompter. Des cheveux qui lui viendraient du roi Hiryû, qui avait autrefois réunifié le royaume et dont elle serait la réincarnation. Cette broche est donc hautement symbolique dans la série puisqu’elle représente l’attachement de Yona à Soo-Won, mais aussi l’acceptation de son destin par la jeune princesse, qui grâce au présent et aux paroles de son cousin endosse sans le savoir l’héritage du roi Hiryû. Cependant durant cette soirée d’anniversaire, un autre événement se produit, bien plus tragique. Alors que Yona compte rendre visite au roi Il pour lui faire entendre raison au sujet de sa romance avec Soo-Won, elle découvre son père en train de se faire assassiner. Et son bourreau, la lame ensanglantée encore dans les mains, n’est autre que Soo-Won. Un crime motivé à la fois par la vengeance, le roi Il aurait assassiner son frère, qui n’est autre que le père de Soo-Won, et par l’ambition pour le pays. Jugeant le roi Il trop faible, trop pacifiste, pensant tout simplement qu’il n’a pas l’étoffe d’un roi, Soo-Won a donc décidé par ce coup d’état de prendre les rênes du royaume. Yona le vit évidemment comme un traumatisme, elle voit l’homme qu’elle aime assassiner son père le jour de son anniversaire. Mizuho Kusanagi dessine donc un drame shakespearien, accentué parce qu’il se déroule au sein des hauts rangs du royaume, mélangeant famille royale, amour et trahison. Mais Yona n’a pas le temps de se remettre de ses émotions qu’elle est sauvée par Hak, son garde du corps et ami depuis l’enfance. Secrètement amoureux d’elle, il avait pris la décision de la laisser vivre une idylle avec Soo-Won, son ami dont il était proche et en qui il avait confiance. Par cet acte, Hak aussi se fait donc trahir, mais qu’importe, il doit fuir le palais en compagnie de la princesse Yona pour la protéger. C’est ainsi que débute la longue aventure de Yona, une princesse déchue de 16 ans, psychologiquement brisée, qui se retrouve à errer hors d’un château dont elle n’avait jamais quitté l’enceinte. Si la fuite pour survivre est le premier chemin qui s’offre à Yona, la vengeance semble être la seconde option. Mais contrairement à Hak, la jeune femme semble encore attachée à Soo-Won, comme en témoigne l’acte de conserver précieusement la broche qu’il lui a offerte pour son anniversaire. Cependant l’affection n’est pas le seul sentiment qui empêche Yona d’embrasser la voie de la vengeance, un chemin qui est pourtant un grand classique de l’heroic-fantasy et que l’on retrouve dans des mangas qui ont grandement influencé Yona – Princesse de l’Aube comme Berserk et Basara. La vengeance de Yona est donc obstruée par son amour pour son peuple et défaire Soo-Won ne serait pas forcément une chose bénéfique pour la population. Cette ambiguïté dans sa réflexion met en évidence le fait que Yona ait l’étoffe d’une reine, la jeune femme se soucie de son peuple avant ses propres sentiments. Accompagnée de Hak, puis d’autres compagnons ensuite, Yona voyage donc et découvre son royaume de Kôka autrement que par le biais de la vie au château. C’est le début d’un long et ionnant périple aux quatre coins d’un territoire dont elle ignore tout. 3p2m3g