Éveil de Hibari (L') Vol.2 - Actualité manga
Éveil de Hibari (L') Vol.2 - Manga

Éveil de Hibari (L') Vol.2 : Critiques 4o6s37

Hibari no Asa 415e4u

Critique du volume manga 1cg71

Publiée le Lundi, 28 Avril 2025 2t6559

Jugée et fantasmée par son entourage sans avoir demandé quoi que ce soit à personne, simplement parce que son corps a déjà des traits d'adulte, la jeune Hibari, collégienne de 14 ans, contient en elle depuis trop longtemps ce qu'elle peut ressentir face à cette situation, et feint de l'ignorer... y compris concernant les agissements terrifiants de son propre père à son égard. Néanmoins, quelque chose commence à s'éveiller en elle, comme une sorte de colère encore très contenue mais ne demandant qu'à s'exprimer. Et cette expression, elle a commencé timidement à la lâcher. A l'école, elle a fait part à une camarade de classe de la présence malsaine de son père la nuit dans sa chambre, et sous l'impulsion de Michika les rumeurs incestueuses se sont propagées en s'amplifiant, en atteignant même les oreilles de Tomiko, la petite amie du cousin Kan. Puis l'adolescente, désemparée face à ces rumeurs grandissantes, va plus un peu plus loin en osant se confier à Kento, le meilleur ami de Kan, qui semble moins insouciant que ce dernier. Seulement, la jeune fille trouvera-t-elle bel et bien l'aide dont elle a besoin auprès de ces adultes ? Quelles seront les conséquences de cette démarche où elle aimerait, si c'est encore possible pour elle, se dépêtrer de cette situation hautement nocive ? Après un premier volume déjà brillamment mené et qui avait de quoi nous remuer en profondeur, avec ce deuxième et dernier tome Tomoko Yamashita nous livre un récit encore plus fort car, jusqu'à une toute fin très subtile dans sa liberté d'interprétation soit pessimiste soit plus positive (même si, dans les deux cas, ce que Hibari est obligée de faire est accablant concernant son entourage), elle continue de décortiquer très soigneusement la situation de son héroïne et, surtout, la manière dont chaque personne de son entourage la voit et réagit aux rumeurs. Et dans chaque cas, même quand certains visages semblent au premier abord réellement inquiets pour Hibari, au final ils ne sont pas épargnés eux non plus. Du côté des femmes, les cas de Tomiko, complexée par sa féminité qu'elle estime insuffisante, et de Michika, revenant au collège après dix jours d'absence suite à une agression, restent très nuancés dans leur développement et sont l'occasion non seulement d'accentuer encore ces sujets là mais aussi de souligner de plus belle les hypocrisies humaines, d'une manière qui est même étonnamment prononcée dans le cas de Michika, adolescente qui, au-delà des horreurs qu'elle a pu commettre, est désormais aussi de celles qui osent lâcher certaines réalités de façon franche et cinglante. Mais n'oublions pas l'enseignante Tsuji, dont le comportement désabusé et distant souligne un important sujet supplémentaire: pour des élèves la classe représente tout, et quand cet univers-là vole en éclats personne n'est là pour leur apprendre à se relever. Enfin, soulignons le comportement de Manami, la propre mère de Hibari, terrifiante dans ce qu'elle dit à un certain moment vers la fin du tome, lors d'un bref flashback pouvant expliquer bien des choses sur le comportement longtemps effacé de Hibari face à ce qu'elle subit silencieusement depuis longtemps. Du côté des hommes, le constat n'est pas plus reluisant, à commencer bien sûr par la figure paternelle à vomir, dans un contexte familial où Hibari n'a finalement ni la sécurité ni le soutien qu'elle est censée avoir à cet âge. Semblant a priori sincèrement inquiet pour la jeune fille, Kento n'en reste pas moins un homme qui a lui aussi déjà eu des pensées très déplacées envers elle, et même s'il semble s'en sentir coupable une altercation avec Tomiko souligne une chose supplémentaire: cette inquiétude est-elle purement sincère, ou y a-t-il, même inconsciemment, une envie de se donner le beau rôle ? De son côté, Yû a beau se dire amoureux de Hibari et affirmer vouloir être là pour elle en proférant de belles et sans doute naïves paroles, il ne lui faudra pas longtemps pour tout compte fait aller voir ailleurs. Enfin, le pire reste sûrement Kan car, derrière son insouciance, il terrifie à chacune de ses prises de parole, osant minimiser la gravité de ce que si joue, et trouvant même le moyen, comme si de rien n'était, de culpabiliser Tomiko qu'il traite de parano, et plus encore Hibari dans un age de la dernière partie du tome qui aura de quoi mettre extrêmement en colère. Mine de rien, au fil de tout ceci, les sujets de société abordés par l'autrice restent très nombreux, allant du rapport à son propre corps à la notion de féminité, en ant par la manière dont on peut cataloguer les gens, les ragots, et plus globalement toute les formes d'aliénation des rapports humains dans une société très patriarcale. Alors, que peut faire une simple adolescente comme Hibari face à tout ça ? S'éveillera-t-elle ? Laissera-t-elle exploser sa colère ? Et si oui, comment et pour quel résultat ? La réponse se fait dans cette fameuse conclusion libre d'interprétation mais dans tous les cas accablante, et au bout de laquelle on a surtout envie de retenir une chose: retenir son souffle, fermer les yeux et attendre que ça e ne jamais les solutions, à condition que les gens et leur mentalité évoluent pour oser prendre conscience de ce qui ne va pas. Evidemment, jusqu'au bout, chaque mot a un sens dans l'écriture très fine et franche de Tomoko Yamashita, et la mangaka sait renforcer chaque instant à travers sa maîtrise de la narration visuelle propre au format manga, ne serait-ce que la façon dont Hibari se répète de retenir son souffle dans la dernière partie du tome. Tout est ainsi fait pour nous bousculer, et ça fonctionne impeccablement: après un premier tome déjà puissant, ce deuxième et dernier volume confirme que L'éveil de Hibari est l'accablant, indispensable et (malheureusement) toujours très actuel bijou de portrait de société que l'on attendait. Enfin, saluons à nouveau la qualité de l'édition de naBan qui, en plus de nous offrir une belle galerie de sept illustrations couleur sur papier glacé au début du tome, nous propose aussi à la fin de celui-ci une intéressante petite interview exclusive de Tomoko Yamashita, dont les questions se veulent assez pointues, et donnant l'occasion d'entrevoir encore mieux la démarche et les pensées de cette très grande mangaka. oi


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction